Chers lecteurs fictifs, je vous fait part aujourd'hui d'un coté méconnu mais néanmoins réel du seizième arrondissement. Si ce soir nous garderons une certaine legerté, je ne veux pas que ayez une vision idyllique de Paris. Pour avoir longtemps habité cet arrondissement, et y être encore inscrite sur les listes électorales, je connais bien ses vertus. C'est propre, calme, et agréable pour les familles grâce aux grands appartements et aux squares.
Mais il n'est point de vertus sans vices et ils sont nombreux. Malgré mon aversion pour les classements et les cases, je me risquerai à établir deux catégories au sein de la population du seizième. Nous pourrions appeler la première "les vieille France". Si nous voulions caricaturer, nous pourrions dire que de génération en génération ils s'appellent tous Charles-Henri ou Marie-Emmanuelle de Montmorency et qu'ils pratiquent encore le mariage consanguin. Mais nous sommes plus subtils que cela. Aussi évoquerons nous seulement les serres-tête vichy de Madame, les vacances dans la maison familiale en Bretagne, les rallyes qui permettent de s'assurer des bonnes relations des enfants. Car si ce but n'est plus avoué, les enfants doivent faire un beau mariage, avec quelqu'un "du même monde". Bien évidemment l'éducation doit être stricte. On choisit l'enseignement privé pour des "valeurs", l'autorité, la rigueur. Un enfant doit obéir, et si on le frappe "c'est pour son bien". Je n'essaierai pas de savoir si cela est bien ou mal, je me limiterais à dire que je n'adhère pas.
Nous pourrions appeler la deuxième catégorie de population les "successfull" (oh yeah!). Il n'ont pas forcément une belle origine sociale, mais ont particulièrement bien réussi professionnellement. Souvent dans la finance, mais pas uniquement. Naturellement ils n'y sont pas arrivé en claquant des doigts. Il ont beaucoup travaillé, mais ont aussi beaucoup rempli et utilisé leur carnet d'adresse avec un beau sourire crispé. Les requins, ce sont eux. Mais requin et vie de famille sont difficilement compatibles. Alors les enfants, ça passe après. On les voit peu et après tout qu'importe, ils sont grands. Le week-end on file à la campagne en les laissant à Paris. Et à l'âge où les hormones se réveillent, quand on a beaucoup d'argent et envie d'expériences dépaysantes, on fume toutes sortes de choses et on boit beaucoup. Parce-que les parents sont négligents, qu'au lycée rien ne va plus, que la vie est dure même quand on se soule au champagne, on s'oublie dans des soirées "sexe, drogues et putes". Dans les appartements de 200m² libres le week-end, on est tranquilles. Face à cela les parents sont désarçonnés et ferment les yeux. Quand les profs appellent ils sont injoignables, et de toute façon Tartenpion n'a pas pu arriver défoncé en cours (Je vous passerai une anecdote hautement drôle à ce propos). Encore une fois nous ne nous bornerons pas à la caricature de "petit(e) drogué(e) flemmard(e)", et préciserons que ces adolescents peuvent être d'excellents élèves, cultivés de surcroît.
J'oubliais, mais il faut planter le décor. J'évoquerai donc ici la rue Dangeau. Pour résumer c'est la rue idéale pour se faire violer, égorger, torturer (je vous laisse choisir).Elle fait 1,5m de large au plus, n'est pas éclairée et dans le seizième après 21h30 les rues sont désertes. Pas la peine de hurler Mme Dupont (90 ans) est sourde et les autres habitants n'y prêterons pas attention. Bref c'est le seizième dans toute sa glauquitude. Chaque fois que je passe devant j'ai froid dans le dos. Mais pour découvrir Paris je ne vous donnerai qu'un seul conseil: sortez des sentiers battus et risquez-vous dans les ruelles sombres.
Allez avant de nous quitter deux petites anecdotes. Dans le seizième il n'y pas de liste d'extrème gauche,mais il y en a trois d'extrème droite. Que propose de FN? Des caméras de surveillance pour lutter contre l'insécurité. Laissez-moi rire.
La deuxième nous ramène quelques années en arrière. J'étais en classe de 3ème. L'après-midi débutais par la physique. Un camarade que nous appellerons X avait quelque peu fumé au déjeuner. Le cours portait sur l'électricité. Très calme, X explique au prof qu'il met ses doigts dans les prises et que "ça le chatouille". Hilarité collective, prof compris.
Et la réponse à la devinette d'avant hier: Bistrot vient du russe bistro qui veut dire vite. Lors de l'occupation de Paris par les russes, c'est ainsi qu'ils suggéraient au garçon d'accélérer.